Action transverse sismicité
Depuis une dizaine d’années les communautés sismologiques, géodésiques et gravimétriques françaises se sont structurées au sein de Résif (Réseau sismologique et géodésique français). Après avoir beaucoup travaillé au développement de nouveaux réseaux sismologiques, notamment le RLBP (Réseau large-bande permanent), et à la modernisation de la gestion et de la distribution des données, il est apparu nécessaire de développer une action transverse Résif autour de la sismicité française.
L’objet de cette action transverse sismicité Résif (ATS) est de coordonner l’ensemble des travaux sur la sismicité au sein d’une structure unique afin d’augmenter l’efficience du travail effectué et d’en accroître la visibilité. Il s’agit notamment de réaliser et de distribuer des produits issus des données de Résif axés sur la connaissance de la sismicité française et de l’aléa associé.
Contact action
Frédéric Masson, Eost
Six axes thématiques
L’ATS est aujourd’hui subdivisée en six axes portant sur les thèmes suivants :
- la construction d’un bulletin de sismicité multi-origines en France,
- la construction d’un catalogue de référence de la sismicité en France,
- la collecte et l’analyse des données macrosismiques – sismicité historique et contemporaine en France,
- la mise en œuvre de ShakeMap au niveau national, intégrant à la fois des données macrosismiques et des données instrumentales (accélérométriques et vélocimétriques),
- l’étude des failles ayant produit des séismes avec ruptures de surface en France métropolitaine dans la période Quaternaire
- l’étude et la caractérisation de l’aléa sismique au niveau national.
Treize partenaires impliqués
L’Action transverse sismicité Résif est menée par treize membres du Consortium Résif :
- Bureau de recherche géologique et minière (BRGM)
- Centre national de la recherche scientifique – Institut national des sciences de l’Univers (CNRS-Insu)
- Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies Alternatives (CEA)
- Institut de physique du globe de Paris (IPGP)
- Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN)
- Observatoire de la Côte d’Azur (OCA)
- Université Clermont-Auvergne
- Université de Montpellier
- Université de Nantes
- Université de Strasbourg
- Université Grenoble-Alpes
- Université Gustave Eiffel
- Université Paul Sabatier à Toulouse
Axes 1 et 2 : bulletin multi-origines et catalogue de référence
L’objectif de ces 2 axes est de produire un bulletin multi-origines et un catalogue de référence de la sismicité en France, au travers d’un travail collaboratif entre les différents acteurs impliqués dans le suivi et l’analyse de la sismicité au niveau national ou régional.
Le bulletin contient, pour chaque événement sismique, l’ensemble des informations (hypocentres, temps d’arrivée des phases, magnitude, etc.) résultant de l’analyse des données acquises par les réseaux sismologiques Résif et d’autres réseaux français ou étrangers. Ces paramètres sont fournis, non seulement par les membres de Résif dont la mission principale s’effectue au niveau national (CEA, BCSF-Rénass), mais aussi par les membres qui réalisent des analyses de sismicité au niveau régional (OCA, OMP, Osug…). Le bulletin est mis à jour au fur et à mesure que des renseignements supplémentaires deviennent disponibles. Il n’est jamais figé, pouvant prendre en compte des travaux spécifiques tardifs (thèses, sismicité de réseaux temporaires, …). Le bulletin est avant tout un outil destiné principalement à la communauté sismologique.
Le catalogue contient, pour chaque événement du bulletin multi-origines, la solution jugée la plus pertinente. Il se limite aux paramètres de localisation (heure d’origine, latitude, longitude, profondeur), à la magnitude et aux incertitudes associées. Le catalogue sera validé et mis à jour annuellement par les membres impliqués dans la construction du bulletin. Pour la construction du bulletin et du catalogue, plusieurs études seront menées à bien :
- évaluer les incertitudes associées à chaque événement,
- distinguer les séismes naturels des autres évènements sismiques (tirs de carrière, séismes induits, etc.),
- éventuellement associer un mécanisme au foyer,
- estimer la magnitude Mw quand elle n’est pas fournie directement.
Ce catalogue est le catalogue de référence de la sismicité française. Il s’adresse à l’ensemble des personnes concernées par la sismicité.
Contacts Bulletin
Marc Grunberg (Eost) et Gilles Mazet-Roux (CEA)
Contacts Catalogue
Sophie Lambotte (Eost) et Bruno Hernandez (CEA)
Carte de la sismicité instrumentale de la France métropolitaine sur la période 1962-202 © Sophie Lambotte, Eost. En savoir plus
Axe 3 : données macrosismiques, sismicité historique et contemporaine
L’axe 3 de l’ATS sur la collecte et l’analyse des données macrosismiques de la sismicité historique et contemporaine comprend toutes les activités autour de l’acquisition, de la gestion des données macrosismiques et de l’évaluation des intensités. Les données recueillies et produites dans cet axe sont destinées à être couplées au bulletin multi-origines (axe 1) afin que toutes les données disponibles pour un événement soient facilement accessibles et utilisables. L’échange de données d’intensité avec les pays transfrontaliers sera intégré à cette action afin d’acquérir une vision globale d’un événement. Les données macrosismiques historiques sont également une thématique de développement de l’axe 3 pour permettre aux gestionnaires d’envisager leur mise en valeur et leur association avec les données contemporaines. Les intensités macrosismiques doivent être disponibles, compréhensibles et utilisables pour une grande communauté, universitaire ou non universitaire.
Contacts
Christophe Sira (Eost) et Ludmila Provost (IRSN)
Séisme d’Arette du 13 août 1967. Maisons détruites. Image d’archive © Jean-Pierre Rothé, 1967. En savoir plus
Axe 4 : Shakemap
L’objectif de l’axe 4 ‘ShakeMap’ est de générer à l’échelle nationale, dans et hors métropole, une cartographie des secousses lors d’un séisme. Cette cartographie s’appuie sur une modélisation numérique à partir des données source (caractéristiques de l’événement) et de modèles de propagation des secousses (caractéristiques régionales et locales tels qu’atténuation, effets de site) tout en intégrant l’ensemble des mesures disponibles (instrumentales et macrosismiques)
Cette shakemap est un résultat qui peut être rapidement disponible pour tout utilisateur (scientifiques, grand public, autorités), mais aussi un outil de recherche et d’application dans le domaine du risque sismique. L’axe 4 ShakeMap s’appuie sur les résultats des axes 1, 2 et 3 tout en contribuant à l’axe 6. Il est mené dans un cadre collaboratif et en relation avec les initiatives régionales (ShakeMap régionale), l’une couvrant les Pyrénées (projets SisPyr et Pocrisc) et l’autre le Sud-Est (projets Cassat et Risval).
Un enjeu majeur des développements de shakemaps réside dans l’estimation rapide (quelques minutes) des mouvements sismiques générés dans la zone touchée par l’événement. Ces cartes peuvent alors alimenter des outils d’estimation de l’impact du séisme (projets SEISAID et Vigirisks), afin de proposer une première projection des dommages et pertes éventuels.
Contacts
Antoine Schlupp (Eost) et Didier Bertil (BRGM)
Séisme du Teil, 11 novembre 2019 – Estimation régionale de la secousse à partir des données instrumentales et macrosismiques (Shakemap) © BCSF-Rénass. En savoir plus
Axe 5 : Failles actives France (Fact)
Du point de vue sismotectonique, la France métropolitaine, comme ces pays voisins de l’Europe de l’Ouest, peut être définie aujourd’hui comme une région continentale stable (SCR) à fort héritage structural et faible taux de déformations. L’axe « Failles actives France » a pour objectif de mieux comprendre la sismicité associée aux failles actives en France et les processus à l’origine de cette sismicité, en constituant une base de données la plus complète possible des failles actives au Quaternaire.
Pour ce faire, deux démarches sont mises en œuvre :
- la réévaluation critique et objective (débats contradictoires, visite de terrain le cas échéant) des bases de données des failles potentiellement actives en France : BDFA (IRSN, 2017) et Neopal (BRGM). Ces deux bases de données sont consultables sur le site : https://data.oreme.org/observation/fact
- le lancement de nouvelles investigations mettant en œuvre les méthodes et techniques de l’analyse morphotectonique et paléosismologique les plus appropriées pour déceler et caractériser les failles actives dans ce contexte SCR (e.g. MNT très haute résolution, géophysique de sub-surface type UHRS, ensemble des datations du Quaternaire : 14C, OSL, ERS, isotopes cosmogéniques) et ainsi caractériser leur activité sismique la plus récente (i.e. 10 Ka- 1Ma).
L’axe FACT regroupe un grand nombre de scientifiques académiques et institutionnels, experts en tectonique active et/ou dans les méthodes qui lui sont associées, et se répartit en neuf régions sur le territoire métropolitain.
Contacts
Jean-François Ritz (Géosciences Montpellier) et Stéphane Baize (IRSN) – Suppléante L. Audin (Isterre)
Référents de l’axe failles actives – France de l’action transverse sismicité Résif (Octobre 2022)
Axe 6 : Aléa
L’axe 6 ‘Aléa’ vise à encourager l’interaction entre l’ensemble des acteurs contribuant à la définition de l’aléa sismique (laboratoires universitaires et du CNRS, organismes comme le BRGM, l’IRSN ou le CEA, entreprises publiques et privées) afin de :
- rassembler les bases de données nécessaires à l’évaluation du potentiel sismogénique des sources sismiques en France
- de promouvoir l’élaboration de nouveaux modèles sismotectoniques et d’aléa sismique intégrant les derniers résultats de la recherche.
Pour ce faire, l’axe 6 s’appuie à la fois sur les données et produits issus de Résif (sismicité, géodésie), mais également sur celles issues des travaux d’autres disciplines de la géologie, de la géophysique et de la modélisation numérique. Les efforts actuels portent donc sur la construction de modèles sismotectoniques de référence qui serviront de base à l’élaboration de futurs zonages sismotectoniques exploitables à la fois pour des projets de recherche et pour le calcul d’aléa sismique.
Contacts
Stéphane Mazzotti (Géosciences Montpellier) et Hervé Jomard (IRSN)